Actu CBD : l’Europe prête à franchir un cap historique

C’est une petite phrase votée à Bruxelles qui pourrait bouleverser toute une filière : la commission de l’Agriculture du Parlement européen (AGRI) a validé début septembre un amendement reconnaissant les fleurs de chanvre comme produit agricole.
Un geste en apparence technique, mais qui ouvre la voie à une révision profonde de la Politique agricole commune (PAC), le principal programme de soutien financier aux agriculteurs en Europe, dès 2027. Jusqu’à présent, la PAC considérait uniquement certaines parties du chanvre comme un « produit agricole » : les graines et les fibres. Les fleurs, elles, étaient exclues de ce cadre, ce qui empêchait les producteurs de bénéficier des aides.
La fin d’une incohérence réglementaire
Cette situation a fragilisé des centaines d’agriculteurs européens, notamment au Portugal, où la réglementation est appliquée de manière particulièrement rigide.
En août 2025, la Commission européenne a proposé de corriger cette anomalie en incluant toutes les parties de la plante. Le 8 septembre, la commission AGRI a donné son feu vert, confirmant cette évolution.
👉 Pour les producteurs, cela signifie la fin d’une insécurité juridique et la possibilité d’exploiter pleinement une culture déjà très demandée sur le marché du CBD, estimé à près de 3 milliards d’euros en Europe en 2024.
Bruxelles avance, Lisbonne bloque
Le contraste est saisissant. À Bruxelles, on parle désormais de subventionner les fleurs de chanvre et même de relever la limite de THC à 0,5 % (contre 0,3 % actuellement).
Au Portugal, en revanche, les agriculteurs continuent de se heurter à une bureaucratie kafkaïenne : autorisations qui n’arrivent jamais, documents superflus exigés, saisies arbitraires par la GNR. Là où l’Europe voit une culture agricole d’avenir, Lisbonne persiste à traiter le chanvre comme une menace pour l’ordre public.
Un marché stratégique pour l’Europe
L’Union européenne est déjà le deuxième producteur mondial de chanvre derrière la Chine, avec environ 35 000 hectares cultivés en 2022. Selon l’Association européenne du chanvre industriel (EIHA), élargir la reconnaissance aux fleurs renforcerait encore la compétitivité du secteur.
Pour les agriculteurs, ce serait un accès garanti aux aides PAC et une reconnaissance de leur travail. Pour l’industrie, c’est l’assurance d’un cadre clair, attractif pour les investisseurs, et favorable au développement de produits dérivés (CBD, cosmétiques, compléments alimentaires, textiles techniques).
Reste à trancher une question clé : le seuil de THC autorisé. Plusieurs eurodéputés plaident pour un passage à 0,5 %, alignant l’UE sur ses concurrents nord-américains et asiatiques.
Les prochaines étapes décisives
Le dossier arrive désormais en séance plénière au Parlement européen, prévue le mois prochain. En cas d’approbation, le texte passera ensuite par les traditionnels trilogues (Parlement, Conseil, Commission) pour finaliser la réforme.
L’EIHA salue déjà « une étape stratégique pour le secteur », selon son directeur général Francesco Mirizzi :
« Pendant trop longtemps, les producteurs ont souffert de règles variables et d’un flou juridique paralysant. Cette reconnaissance aligne enfin les règles de l’UE sur les réalités du marché. »
Mais l’association anticipe un débat serré au Conseil, où les États membres devront clarifier leur position sur la légalisation complète des fleurs de chanvre.
Et pour les consommateurs ?
Si cette réforme est adoptée, l’impact ira bien au-delà des champs. Pour les consommateurs, cela signifiera un marché plus transparent, plus sûr et plus compétitif. Les produits à base de chanvre – huiles de CBD, infusions, cosmétiques ou compléments alimentaires – seraient mieux encadrés, de meilleure qualité, et probablement proposés à des prix plus accessibles grâce à une offre renforcée et une concurrence accrue.
✨ En résumé : l’Europe se rapproche d’une reconnaissance historique des fleurs de chanvre. Le vote du mois prochain pourrait bien être un tournant décisif pour l’avenir de la filière CBD – et pour des millions de consommateurs européens.
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