Comment le THC a-t-il été découvert ?

 

Tu t’es déjà demandé comment cette fameuse molécule, le THC, a été mise en lumière ? Tout commence avec le cannabis, une plante utilisée depuis des millénaires pour ses effets thérapeutiques et spirituels. Mais ce n’est qu’au XXe siècle que des chercheurs audacieux, comme Raphael Mechoulam, ont pu percer le mystère de ses composants actifs. Grâce à des analyses poussées, ils ont découvert le Δ-9-tétrahydrocannabinol, ou THC, principal responsable des effets psychoactifs sur le corps humain.

Cette avancée a marqué un tournant majeur dans la recherche sur les cannabinoïdes, ouvrant la voie à une meilleure compréhension du système endocannabinoïde et de ses récepteurs. Envie d’en savoir plus sur l’histoire fascinante de cette découverte ? Plonge avec nous dans cette aventure scientifique et humaine captivante !

La découverte du THC

Les premières utilisations du cannabis à travers l’Histoire

Usage traditionnel et médicinal dans les civilisations anciennes

Le cannabis, cette plante millénaire, accompagne l’humanité depuis les premières civilisations. Des traces de son utilisation remontent à des périodes aussi anciennes que le Néolithique pré-poterie B, entre 8800 et 6500 av. J.-C., selon des découvertes archéologiques fascinantes. À cette époque, les hommes exploitaient déjà ses multiples vertus, principalement comme fibre textile et pour la confection de cordes solides. Mais ses usages ne s’arrêtaient pas à des applications purement pratiques.

Dans la Chine antique, sous l’ère de l’empereur Shen Nong (environ 2700 av. J.-C.), le chanvre était cultivé à la fois pour ses fibres résistantes et pour ses qualités médicinales. Utilisé dans des remèdes traditionnels, il servait à apaiser des douleurs, traiter des inflammations ou soulager des troubles digestifs. En Égypte ancienne, des traces de cannabis ont été retrouvées dans des tombeaux, témoignant de son usage pour accompagner les défunts dans l’au-delà.

L’Inde, berceau spirituel du cannabis, a joué un rôle central dans son utilisation rituelle et médicinale. Connue sous le nom de "bhang", la plante était intégrée dans des boissons sacrées utilisées pour les cérémonies religieuses. On lui prêtait des vertus pour favoriser la méditation, élever l’esprit et renforcer le lien avec le divin.

Connaissances empiriques sur les effets psychoactifs

Bien avant que la science ne s’intéresse à la chimie du cannabis, les civilisations anciennes avaient empiriquement compris ses effets sur le corps et l’esprit. Une des premières mentions écrites de l’usage récréatif et rituel vient de l’historien grec Hérodote, qui, au Ve siècle av. J.-C., rapporte que les Scythes — un peuple nomade d’Asie centrale — brûlaient des graines de chanvre dans des tentes fermées pour inhaler les vapeurs. Ce rituel, décrit comme joyeux et exaltant, était autant un moment de communion qu’un outil spirituel pour entrer en transe.

Les Scythes ne furent pas les seuls à explorer les effets psychoactifs de la marijuana. Les chamans d’Asie centrale et d’Europe de l’Est, notamment les kapnobatai (littéralement ceux qui marchent sur la fumée), utilisaient le cannabis pour induire des états modifiés de conscience. Ces pratiques visaient à explorer des dimensions spirituelles et à communiquer avec le sacré.

Chaque culture exploitait ainsi les propriétés uniques du chanvre selon ses besoins et ses croyances, que ce soit pour soigner, créer des liens avec le divin ou simplement expérimenter un état de relaxation. Ces usages traditionnels ont jeté les bases des découvertes modernes sur les effets du cannabis, préparant le terrain pour les révélations scientifiques sur ses composants actifs, notamment le THC.

La découverte scientifique du THC

C’est au XXe siècle que la composition chimique du cannabis a commencé à intriguer les chercheurs. Jusqu’alors, les effets de la plante étaient bien connus sur le plan empirique, mais les mécanismes sous-jacents restaient un mystère. Le révolutionnaire tournant scientifique se produit grâce à l’implication de deux chercheurs israéliens : Raphael Mechoulam et Yechiel Gaoni, en 1964. Ces scientifiques, fascinés par les effets psychoactifs du cannabis, se sont donné pour mission d’en identifier les composants actifs.

Raphael Mechoulam, souvent surnommé le père du cannabis médical, disposait d’un environnement favorable à ses recherches grâce à un financement de l’Institut Weizmann de Rehovot. Avec son collègue Gaoni, ils ont procédé à l’extraction et à l’isolation des divers composés chimiques présents dans le cannabis. Leur méthodologie rigoureuse a permis d’identifier le fameux Δ-9-tétrahydrocannabinol, plus connu aujourd’hui sous l’abréviation de THC, comme le principal composant psychoactif de la plante.

Ce travail de pionniers n’a pas seulement marqué une avancée scientifique majeure : il a ouvert la voie à une toute nouvelle discipline d’étude, dédiée aux cannabinoïdes. Mechoulam et Gaoni ont ainsi jeté les bases d’une compréhension moléculaire détaillée du cannabis, permettant d’explorer comment ses composants interagissent avec le corps humain.

La mise en évidence de la structure chimique du THC

L’une des étapes les plus cruciales dans la découverte du THC résidait dans la détermination de sa structure chimique. Le Δ-9-tétrahydrocannabinol a été identifié comme un composé organique liposoluble, c’est-à-dire qu’il se dissout dans les graisses et non dans l’eau. Cette propriété unique explique notamment pourquoi il peut être stocké dans les tissus adipeux du corps humain et détecté longtemps après sa consommation.

Mechoulam et son équipe ont isolé le THC à partir de la résine de cannabis, cette substance collante que produit la plante pour se protéger des conditions environnementales. Grâce à des techniques analytiques avancées pour l’époque, comme la chromatographie et la spectroscopie, ils ont réussi à décrire précisément la structure moléculaire de ce cannabinoïde.

Leur découverte a révélé que le THC agit en se liant aux récepteurs spécifiques du cerveau, appelés récepteurs CB1. Ces récepteurs, partie intégrante du système endocannabinoïde, jouent un rôle clé dans la régulation de nombreuses fonctions corporelles, comme l’humeur, l’appétit ou la perception de la douleur.

Cette percée scientifique a permis de poser la première pierre à une meilleure compréhension des interactions entre les cannabinoïdes et le corps humain. La mise en lumière du THC représentait bien plus qu’une simple victoire scientifique : elle ouvrait les portes à de nouvelles perspectives thérapeutiques, mais aussi à des débats sociétaux et législatifs sur l’usage du cannabis, que ce soit à des fins médicales ou récréatives.

L’impact de la découverte du THC sur la recherche et la médecine

Applications médicales et thérapeutiques

La découverte du THC par Raphael Mechoulam et Yechiel Gaoni en 1964 a profondément transformé le paysage médical. Ce cannabinoïde, responsable des effets psychoactifs du cannabis, a rapidement suscité l’intérêt pour ses propriétés thérapeutiques uniques. De nombreuses études ont démontré que le THC pouvait potentiellement agir comme un puissant analgésique, idéal pour soulager des douleurs chroniques chez les patients souffrant de maladies comme la fibromyalgie ou des neuropathies.

En parallèle, ses vertus anti-inflammatoires et antispasmodiques en ont fait un allié de choix dans l'aide au traitement de pathologies telles que la sclérose en plaques ou certaines formes d’épilepsie résistantes aux traitements conventionnels. Son effet bénéfique sur les nausées et vomissements liés à la chimiothérapie a également été exploré, offrant un répit précieux aux patients atteints de cancer.

Autre application incontournable : le THC pourrait être utilisé pour stimuler l’appétit chez les personnes souffrant de perte de poids sévère, notamment dans le cadre du VIH/SIDA. Des médicaments à base de THC, comme le dronabinol (Marinol), ont été développés pour ces usages spécifiques. Ces avancées ont jeté les bases de la médecine cannabinoïde moderne, ouvrant la voie à l’utilisation thérapeutique d’autres composés comme le CBD, non psychoactif, qui complète parfaitement les effets du THC.

Implications sociétales et législatives

Si la découverte du THC a fait progresser la médecine, elle a également soulevé des questions complexes sur le plan sociétal et législatif. Ce composant du cannabis, bien que prometteur d’un point de vue médical, reste associé à des usages récréatifs controversés. Dans de nombreux pays, le THC a été classé comme une substance psychotrope réglementée, en raison de ses effets sur le cerveau, tels que l’euphorie ou l’altération des perceptions.

Cette classification a généré des débats constants sur la distinction entre les usages médicaux et récréatifs. Le statut légal du THC varie aujourd’hui d’un pays à l’autre : certains, comme le Canada ou certains États des États-Unis, ont opté pour une légalisation encadrée, tandis que d’autres, comme la France, en restreignent encore très fortement l’usage.

Parallèlement, la découverte du THC a contribué à la mise en place d’un cadre législatif autour des cannabinoïdes dérivés, comme le CBD, qui, lui, ne présente pas d’effets psychotropes. Cette évolution a permis l’émergence d’un marché florissant de produits à base de cannabis à faible teneur en THC, répondant à des besoins aussi bien médicaux que récréatifs, tout en évitant les impacts sociaux liés à la consommation de substances psychoactives.

Enfin, sur le plan culturel, le THC n’a pas seulement influencé les lois : il a également remodelé la perception globale de la plante de cannabis. Là où elle était autrefois associée uniquement à des usages récréatifs ou illicites, sa redécouverte scientifique a permis de mettre en lumière ses bienfaits potentiels, incitant à repenser son rôle dans la société. Aujourd’hui, le cannabis médical est devenu un symbole de l’évolution des mentalités, prouvant que science et tradition peuvent se rencontrer pour offrir des solutions innovantes à des problématiques de santé.

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